Rugby, Préparation Mentale & Cohérence Cardiaque

Comme certains le savent, malgré le fait qu’il ne soit pas légion dans ma région, le rugby est depuis fort longtemps mon sport de cœur, et j’ai la chance de partager cette passion avec mon filleul, qui lui-même est rugbyman (un beau bébé qui joue numéro 5), et comme chaque année, je l’embarque, au Stade de France pour aller voir un match du tournoi des 6 nations, cette fois-ci avec mes 2 grandes filles. L’occasion pour moi d’écrire un petit article sur les réflexions que cela a suscité chez la mère, la fan de rugby et la préparatrice mentale qui cohabitent en moi ;)

J’avoue que lorsque je suis à un match, je suis davantage en mode supporter qu’en mode boulot, c’est un vrai plaisir de pouvoir partager ces moments avec les enfants. L’an prochain, j’emmènerai aussi le petit. J’aime le rugby plus que tout autre sport car, pour ceux qui le connaissent, c’est un sport d’une grande intelligence et d’une finesse accrue, loin de l’image très « bourrin » que perçoivent les non aguerris ; j’admire et me rattache aux valeurs de combativité, de conquête, de solidarité et de respect qu’il véhicule.

Tournoi des 6 nations : France-Ecosse au Stade de France

 Je suis assidument les conférences de presse avant et après les matches, et bien entendu, celle avant le match contre l’Ecosse et après la défaite contre l’Irlande a retenu toute mon attention. À la veille du match, la première question qu’on est en droit de se poser est de se demander dans quel état d’esprit sera notre XV de France. Quel sera leur niveau de confiance après l’interruption de leur série de 14 victoires ? Antoine Dupont y répond « On est dans un état d’esprit que l’on n’avait pas connu depuis presque deux ans maintenant. Mais on a été dans cette situation auparavant, on a su rebondir. (…) On a aussi eu l’occasion de voir ce qui avait péché, de le corriger en préparant le match de ce week-end. On a envie d’être sur le terrain et regagner à nouveau. (…) On va continuer à faire ce qu’on fait depuis trois saisons et qui fonctionne. (…) On apprend toujours plus des défaites que des victoires.(…) Il y a toujours un peu plus de pression après une défaite parce qu’on a envie de regagner de suite. Mais, comme je le disais, on a connu cette posture par le passé, on a su rebondir et refaire de grandes performances derrière. On sait qu’on en est capable et il ne faut pas douter de ce qu’on a fait jusqu’à maintenant et tout remettre en question. » Voilà, c’est dit.

photo : @Francerugby

La confiance et la combativité marquent le jeu de notre XV. J’admire également leurs capacités de concentration et de calme. C’est sur ces 2 derniers points que j’ai focalisé mon œil de prépa mentale durant ce match. Depuis quelques temps déjà, j’observe le comportement des joueurs lors des moments « de creux » et particulièrement un : lorsqu’ils se regroupent, en cercle, lorsque Ramos va botter par exemple, ou lorsqu’une pénalité est accordée à l’équipe adverse (et qu’elle la tente au pied bien sûr). Et j’ai l’impression qu’à ce moment précis, les joueurs profitent de cette petite minute pour faire un exercice de cohérence cardiaque, mais de façon collective… A vrai dire j’en suis quasiment convaincue quand je regarde cette photo de @francerugby republiée le lendemain par @Paulwillemse sur son compte Instagram. On le voit lui, tout comme Penaud et Ollivon, prendre une (grande) inspiration, de dos on aperçoit également Ramos et Alldritt qui ont l’air synchro. Cette pratique aurait, selon moi, le premier avantage, à ce moment précis de se focaliser sur soi et non sur l’adversaire, de se concentrer sur ce que l’on maîtrise et ce qui nous appartient. Au moment où l’adversaire botte, on ne peut en rien influer sur le résultat de cette tentative. Se recentrer.

Se recentrer est ce qu’il me semble le plus judicieux de faire à cet instant T. Et la pratique de la cohérence cardiaque est un moyen rapide et efficace d’y parvenir.

Préparation Mentale & Cohérence Cardiaque

Pour ceux qui ne connaissent pas, les exercices de cohérence cardiaque consistent, par le biais d’un ryhtme respiratoire contrôlé à équilibrer, calmer ou activer notre organisme, selon l’objectif recherché. Scientifiquement parlant « La cohérence cardiaque se définit comme un phénomène de balancier physiologique issu de la synchronisation de l’activité des systèmes nerveux sympathique et parasympathique ».

Dans mes accompagnements en préparation mentale, c’est un des premiers outils qu’on met en place si le sportif ne le connaît pas. S’il l’utilise déjà, on travaille à l’utiliser de façon optimale, au bon endroit, au bon moment, afin notamment  de se calmer, se relaxer ou au contraire à s’activer, se booster lorsque cela est nécessaire. Afin que cela soit automatique lorsqu’on en a besoin, on « s’entraîne » et on habitue notre corps en utilisant la « méthode 365 » : 3 fois par jour / 6 respirations par minute / pendant 5 minutes.

On prête à la cohérence cardiaque, entre autres,  les vertus suivantes :

  • à effet immédiat  et jusqu’à 6 heures selon les personnes :
    • Baisse du taux de cortisol (hormone du stress)
    • Harmonisation des neurotransmetteurs (dopamine et sérotonine)
    • Augmentation de la capacité de concentration
    • Augmentation de la capacité de coordination
    • Meilleure gestion de la douleur
  • à long terme :
    • Augmentation des capacités de respiration et de récupération
    • Amélioration de la qualité de sommeil
    • Renforcement du système immunitaire (inflammation, diabète notamment)
    • Amélioration des capacités d’apprentissage
    • Prévention contre l’anxiété et la dépression

Aussi curieux soit-il, j’ai découvert le concept de cohérence cardiaque lors d’un stage d’éducation avec mon chien. Et c’est à cette occasion que j’ai découvert qu’en régulant mon ryhtme cardiaque, cela se répercutait directement sur l’état d’excitation de mon fidèle compagnon à 4 pattes qui « calquait » du coup son état sur le mien  (et je peux vous assurer que ça aide franchement beaucoup quand on pèse 50kg et qu’on a au bout de la laisse un malinois de 18 mois et 30kg de muscles purs ! ). 

J’ai retrouvé cette méthode qui nous a été enseignée lors de mon diplôme en Psychologie du Sport & Préparation Mentale, et je pratique aujourd’hui quotidiennement, comme la plupart des sportifs que j’accompagne. Cette méthode a aussi fait ses preuves auprès de professionnels qui m’ont sollicitée dans le domaine de l’entreprise.

Si vous voulez en savoir plus, je vous invite  également à lire « Guérir » du Docteur David Servan-Schreiber. Et en attendant, respirez, mais surtout, respirez bien !

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