Préparation Mentale & initiation au golf

Comment j’ai travaillé l’imagerie motrice et la fixation d’objectifs.

J’ai dans mon entourage quelques amis qui pratiquent occasionnellement ou régulièrement le golf. Au gré de mes différents déplacements, j’ai fait la connaissance d’une jeune joueuse qui a proposé de m’emmener sur le green et de m’initier à sa discipline. Avide de rencontres et de découvertes, vous pensez bien que j’y suis allée ! J’ai ainsi pu mobiliser, tester et éprouver pendant 1 heure quelques unes des habiletés mentales que je travaille dans mes accompagnements.

Découverte du club, du practice, achat des seaux de balles, nous étions 5 novices à participer à cette initiation.

Vous avez déjà vu dans des films ou des vidéos des gens qui essayent désespérément de taper la balle et qui tapent finalement à côté ? Et bien ça, c’était moi durant les premières 15 minutes de cette initiation au golf, peut -être même les 20 premières et ça me faisait bien rire. J’utilise souvent l’humour et l’auto-dérision pour contrer mon anxiété pré-compétitive, car je suis d’un naturel plutôt compétiteur et j’ai parfois tendance à tout prendre comme une compétition. Mais une fois ces 20 premières minutes passées à rigoler et à faire le pitre, j’ai commencé à franchement m’agacer à ne pas réussir à taper la balle correctement mais aussi à voir que mes acolytes se débrouillaient mieux que moi… C’est donc à ce moment-là que je me suis dit « STOP. Rappelle-toi certains principes fondamentaux que tu transmets en préparation mentale, notamment celui qui dit qu’on se concentre sur ce qui nous appartient et sur quoi on a une influence : être centré ICI, MAINTENANT, SUR L’ACTION ET SUR SOI ».

L’imagerie motrice ou l’utilisation des neurones miroirs dans le sport

J’ai donc commencé par un exercice de cohérence cardiaque, afin de rééquilibrer tout ce qui s’emballait dans mon corps, qui au demeurant commençait à être crispé. (J’ai parlé de la cohérence cardiaque, dans cet article précédent). Une fois détendue, je me suis alors pris un temps pour observer précisément le geste de notre amie golfeuse et particulièrement à y associer ses indications concernant le positionnement de chaque partie du corps afin de réaliser le geste : emplacement par rapport à la balle, positionnement de la main directrice qui recouvre le pouce de l’autre main, ancrage et flexion des jambes, orientation du regard, orientation du dos, angle des bras et repère visuel pour placer le club avant de réaliser le swing. Je dirais que j’ai pris un bon quart d’heure à la regarder et à me répéter mentalement toutes ces étapes dont la conscience et la maîtrise sont indispensables pour concrétiser le geste. On touche donc ici aux prémices de 2 outils fondamentaux en préparation mentale :  la fixation d’objectifs et l’imagerie (ici particulièrement en termes d’imagerie visuelle).

Le fait que je regarde la golfeuse « swinguer », associé au fait que j’ai déjà expérimenté le geste, déclenche dans mon cerveau mes neurones miroirs. Les neurones miroirs s’activent quand on exécute une action mais aussi lorsqu’on regarde quelqu’un exécuter une action. C’est à dire que lorsqu’une personne réalise une action devant nous, nos neurones miroirs projettent une représentation de l’action, on s’entraîne donc d’une certaine manière à exécuter la tâche d’abord dans notre tête, pour ensuite être en capacité de la réaliser vraiment. C’est ensuite la répétition qui engendrera l’automatisme.  Pour ma part, j’ai découvert ce concept il y a une dizaine d’années, lorsque j’étais cheffe de service d’un SESSAD* prenant en charge des enfants présentant des troubles du langage sévères et/ou troubles associés, lorsque je me suis formée en neuropsychologie de l’enfant et troubles des apprentissages, notamment à travers l’étude réalisée dans les années 1990 par le Dr Giacomo Rizzolati. C’est grâce aux neurones miroirs que le bébé apprend à parler, à manger, à s’habiller… Ce sont eux aussi qui font qu’on baille lorsqu’on voit quelqu’un d’autre bailler ou qu’un rire peut devenir « contagieux », ils contribuent à l’imitation de certains comportements sociaux, à la compréhension de l’autre ainsi qu’à la planification de nos actions.

Dans le sport, c’est pareil, observer un sportif faire l’action active les mêmes zones cérébrales chez lui et chez les observateurs, d’autant plus s’ils sont habitués ou ont déjà effectué ce même geste. Sur cette image, on voit en bleu clair les zones cérébrales activées lorsqu’on imagine le mouvement ou qu’on observe quelqu’un le faire (cela peut éventuellement être nous-mêmes, sur une séquence vidéo par exemple), en violet les zones cérébrales activées lorsqu’on exécute le mouvement. En bleu foncé les zones qui sont activées qui sont les mêmes, en imagerie ou en action.

La fixation d’objectifs : outil indispensable à la performance

Pour revenir ensuite au concept de fixation d’objectifs (concept sur lequel je rédigerai un nouvel article prochainement) en préparation mentale, on distingue 3  types d’objectifs : les objectifs de résultat, les objectifs de performance et les objectifs de processus. Dans la recherche de la performance et de son optimisation, il est primordial de les définir correctement et de les mettre en application de façon claire et précise. Dans ce cas particulier de ma première expérience au golf, j’ai mis en œuvre un objectif de processus en décortiquant et en m’énumérant mentalement toutes les composantes du swing (nb : emplacement par rapport à la balle, positionnement de la main directrice qui recouvre le pouce de l’autre main, ancrage et flexion des jambes, orientation du regard, orientation du dos, angle des bras et repère visuel pour placer le club …).

Position du corps : Work in Progress ! :)

Et c’est ainsi qu’au bout de quelques minutes,  après avoir respiré, observé, répété mentalement, j’ai réussi à taper 6 balles sur 10, puis 7, puis 8, puis 9 sur 10…  Quelle satisfaction ! Je vous laisse imaginer ma frustration quand j’ai été stoppée dans cette spirale positive puisque l’heure avait sonnée ! Me voilà donc impatiente et surtout mieux armée pour la prochaine session.

Dans mon travail, j’invite les sportifs à repositionner leur rapport au résultat, le résultat n’est qu’une conséquence d’autres éléments. Viser un résultat sans déterminer précisément ce qui peut y conduire est selon moi voué à l’échec, j’engage à suivre le cheminement inverse, en cela la fixation d’objectifs est déterminante dans l’atteinte de la performance et donc, du résultat.  Je résumerais ceci en citant mon directeur de mémoire qui disait «  Avant de faire mieux, il faut faire bien. Avant de faire bien, il faut bien faire. Avant de bien faire, il faut faire. Et avant de faire, il faut savoir ce que je vais faire et comment je vais le faire ».

Quelques liens pour aller plus loin :

C’est quoi les neurones miroirs ?

Etude du Dr Giacomo Rizzolatti

Documentaire « Dans la tête des champions »  la partie qui nous intéresse spécifiquement est celle de 37’10 à 41’12, (reportage entier :  53 minutes)

Imaginer c’est réussir, revue Cerveau & Psycho

*SESSAD : Service d’Education Spécialisée et de Soins à Domicile

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